Libérée, délivrée...

Moi aussi je voudrais pouvoir chanter ça...

Marre de venir travailler chaque jour en me demandant ce que les clients vont avoir inventé comme connerie durant la nuit. Oui, oui, c'est fou comme la nuit porte conseil, les langues se délient, les esprits s'échauffent et les doigts pianotent.

Quand je reçois un mail désagréable, 80% du temps il est envoyé entre 21h et 7h.

Marre aussi de venir travailler chaque jour pour quelqu'un qui n'en a plus rien à faire...

Etre une femme libérée, tu sais c'est pas si facile

J'en ai marre mais je vais tenir bon cette fois. Rien A Foutre attitude, ça marche super bien. 

Lesson 1 - Repeat after me
On n'élève pas la voix lors d'une communication téléphonique avec un con client. Imparable pour l'énerver davantage.

Allo

 Lesson 2 - Connais tes collègues mieux que tu te connais toi même
Bah oui, c'est super utile. Quand un collègue vient te saouler, branche le sur un sujet qui l'énerve. Il venait te faire chier à la base et c'est lui qui repart mauvais. Et surtout jubile, tu l'as bien mérité après tout. Et lui aussi.

Moi aussi ça m'a fait plaisir de discuter avec toi

Lesson 3 - Toujours dire oui au chef
Même si tu penses non.
Même si tu sais que non.
Une après-midi au calme vaut bien un petit mensonge.

Oui chef

Et si ?

Et si ça recommençait ?

On n'est jamais à l'abri. Je me sens plus forte, mais en même temps sur le fil.

Pas de demi mesure. Ça me fait peur...

Et si je retombais ?

Ce n'est pas envisageable pour moi. Alors je me sers de ce que j'ai vécu pour ne pas me laisser glisser.

Ouh ça glisse

Voilà, c'est fini

Quatre mois depuis la rentrée, tout s'est bien passé, finalement ce n'était pas si difficile...

Je regarde en arrière pour me rappeler pourquoi je ne l'ai pas fait avant, mais je ne sais pas, je ne sais plus. C'est en train de s'effacer. C'est bien, me diras-tu, mais en fait non, j'ai envie de me souvenir de cette période. 

Ce jour précis je m'en souviens, mais les 510 autres...

Me souvenir de ce qu'ils ont dit, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils m'ont fait...

Dernier mardi...

... avant la reprise.

Dernière séance de sport, quoi qu'à mon avis mardi prochain ce sera sport aussi, mais dans ma tête.

Je suis nouée, évidemment. Je ne peux qu'y penser.

La semaine prochaine...

Imagine la tronche en plus du bruit 

Je ne fais que penser à ce fameux mardi matin prochain, j'imagine ce qui va se passer, j'essaie d'anticiper, de LES anticiper, mais ils ont de la ressource les comiques, je suis sûre qu'ils vont encore réussir à m'avoir comme une bleue... Je ne veux juste plus leur donner la satisfaction de me voir pleurer. Allez, on y croit.

Oscar Wilde disait "il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles". So niais, Oscar !

Perso je préfère cette citation là "avec la force et le sourire, le poing levé vers l'avenir". Mais là, faut avoir une sacrée culture pour connaître l'auteur.

J'ai pas envie

J'ai pas envie d'y retourner,

J'ai pas envie de les revoir,

J'ai pas envie de les entendre,

J'ai pas envie de les supporter,

J'ai pas envie de retomber.

Mais je n'ai surtout plus envie d'avoir peur,

Plus envie de penser que j'aurais dû courber le dos davantage,

Plus envie de me dire que j'ai foutu en l'air un an et demi de ma vie,

Plus envie d'entendre la fameuse question "t'en es où ?",

Plus envie de répondre de manière évasive,

Plus envie d'encaisser les "j'aimerais bien être à ta place à ne pas travailler",

Plus envie de faire semblant que ça va.

Ce que je veux, c'est tourner la page.

Tourne, tourne, tourne la page 

 Et je compte sur toi pour me dire que si ça se passe mal, tu seras là.

Prête à faire des folies ?

Tu noteras au passage l'étendue de ma culture musicale. Éclectique la fille !

Et toi, tu es pour l’éclectisme ?

J'ai reçu une lettre

En fait non, je l'ai écrite, mais ça ne collait pas avec les paroles de Renan sinon. Cherche pas, j'ai trouvé que ça comme titre en fait.

Donc, après la petite visite à la médecine du travail, et afin que ma reprise ne se passe pas dans des conditions trop pourries moisies, je prends la peine d'écrire à mes employeurs.

"Pour votre information, je serai présente à mon bureau à l'issue du dernier arrêt de travail qui vous a été adressé."

J'hésite à terminer comme ça...

Ceci n'est pas un extrait de ma lettre, mais la lettre tout entière. Tu noteras, lecteur perspicace, que j'ai bien pris soin de ne pas indiquer la date exacte de ma reprise, juste pour les faire chier. Ca va les obliger à ressortir mon dernier arrêt et un calendrier avant de se dire merde, c'est la semaine prochaine qu'elle revient !

Ouais je sais, il ne me faut pas grand chose pour m'amuser d'eux. C'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup... 

Facile à dire

Je n'ai pas dit à grand monde que je me préparais à reprendre.

Pourquoi ?

Parce que plus je le dis, plus on m'en parle. Logique implacable.

Je n'ai pas envie d'en parler parce que je n'ai pas envie d'entendre l'avis de tout le monde la dessus.

J'en ai assez des "ça va aller (facile à dire)" et des "tu t'en fous (facile à dire)".

Si tu sais que c'est "facile à dire", alors pourquoi tu le dis ?

Bien sur que je ne m'en fous pas et bien sur que ça ne va pas aller. 

Comment ça pourrait bien se passer après un an et demi d'absence ? Encore une fois c'est d'une logique implacable.

Je sais que ça part d'un bon sentiment ces réponses. Mais ce n'est pas ce que j'attends. A vrai dire je n'attends pas de réponse, plutôt une écoute.

Pouvoir parler sans qu'on me donne un avis, juste un peu d'attention.

Alors toi qui me lis, et toi là bas, la prochaine fois qu'on se voit, tu fermes ta gueule te contentes de me sourire d'un air compatissant. Tu sais, la tête penchée sur le côté et la bouche un peu pincée.

Oui, voilà B, tu le tiens bien